La sculpture est sans doute la forme d’art qui se base principalement sur l’expérience tactile, les échos de nos mémoires ancestrales se plasment, se traduisant ainsi enfin dans l’oeuvre accomplie. Le geste de l’artiste destiné à se repéter cycliquement comme en un grand spectacle, produit chaque fois une absolue nouveauté.
L’argile, entre toutes les matières, est la plus malleable dans son état encore informe, et présente une essence, une apparence prête à être décrite, qui en soi est déjà un potentiel de flux de tout ce qui pourrait être et encore n’est pas. Les œuvres de Céline Pariggi se placent dans l’aspiration plus générale de l’art de notre siècle : rendre visible l’invisible, ou pour mieux dire à travers la forme dépasser ce qui est au-delà d’ellemême.
Le prétexte est la matière qui, grâce à un équilibre « dynamique et harmonieux », aspire à la transcendance.
Dynamique, parce qu’une caractéristique de la sculpture de l’artiste est celle de suggérer l’essence des éléments accompagnant les formes à travers la sinuosité des lignes de projection. Harmonique, car elle fait allusion à une dimension spirituelle qui se traduit par une recherche formelle.
Une telle recherche est, dans notre culture occidentale, évocatrice de la conception d’Héraclite selon lequel le conflit n’est qu’une forme particulière de relation et c’est la tension caractérisant le conflit qui a engendré « l’harmonie ».
Héraclite arrive à dire que l’harmonie invisible est mieux que celle visible (la symétrie) parce que fondée sur la complémentarité des contraires ; en utilisant les tensions produites elle origine un multiple mouvement.
Au centre des oeuvres de Céline Pariggi apparaît l’homme ; l’être polymorphe et multiple.
Ce qui sûrement est commun à toutes les oeuvres de l’artiste, au-delà du verticalisme accentué des lignes et des figures, c’est la tendance de la sculpture à sublimer elle-même, en exprimant le mouvement, en se libérant de la matière qui l’enveloppe, pour en ressentir la force primordiale.
Carmen Martinez